Le crétin diplômé
petite nouvelle

Le crétin diplômé

Il glorifiait les diplômes, prétendait qu'ils faisaient l'Homme. Il méprisait nos poèmes, raillait notre petite bohème. Tant pis pour sa pomme ! Les années vides, sacrifiées à la technique puis à un patron, creusent un trou dans l'existence. Un grand canyon de l'enfance à la vieillesse.
Philosophes de merde, la littérature c'est fini, tel était son slogan. Le nez sur le guidon il ne pouvait pas comprendre que l'informatique n'était déjà qu'une technique.
Il l'a divinisé cet ordinateur ! Mais aujourd'hui, à l'ANPE comme nous, compétent complètement paumé, il accepterait n'importe quoi, même un C.E.S. ou une formation. N'importe quoi mais surtout pas rester inactif !
Les ouvriers exemplaires

Ils ont toujours avancé comme le réclamaient les règles sociales. Dès l'enfance, l'école, essayant de retenir par coeur ce qu'ils ne comprenaient pas, alors quelqu'un d'important a tranché : pas faits pour l'instruction ; des manuels, à l'usine dès que possible, puis l'armée et retour au turbin. Ils ont alors "convolé en justes noces", parfois même par amour, et des enfants, comme le souhaitait la politique matrimoniale nationale. Raisons de s'activer encore plus, pour les élever le plus dignement possible. Ils ne regardaient jamais aux heures supplémentaires, pas toujours payées d'ailleurs ; fallait pas déplaire au patron. Pour lui aussi c'était difficile. Bref ils n'ont jamais soufflé sur la moindre vague.
Quand les économistes, "des gens qui savent", ont prétendu que c'était pour le bien du pays, ils ont épargné. Ils ont consommé quand les mêmes décrétèrent l'urgence d'incendier les bas de laine.
Pour la majorité aujourd'hui, les possédants ayant changé d'arme (à l'exploitation sous couvert d'espoir des jours meilleurs a succédé la menace d'exclusion), le lot quotidien se nomme stress, mal de dos, yeux bouffés par les écrans... mais faut surtout pas décevoir big boss, à vos âges, retrouver ne serait pas évident... Et certains s'étonnent du peu d'enthousiasme de ces expérimentés, de leur souhait d'arriver le plus tôt possible à la retraite.
Pour d'autres : les maladies professionnelles. Durant des décen-nies ils ont travaillé l'amiante. Ou sous des lignes à haute tension. Ou dans des usines nucléaires. Ou, ou, ou... Durant ces années ils ont cru leurs omniscients supérieurs : il n'y a aucun risque.
Certains savaient même, ou pressentaient, qu'ils mettaient leur vie en danger, et ont pourtant continué : déjà le chantage au chômage.
Comme aujourd'hui, là où la loi relative au tabac dans les entre-prises est bafouée par ceux qui méprisent leurs employés ou collè-gues. Quel tribunal, avant la multiplication des cancers, osera les condamner pour exposition volontaire à une substance nocive ?



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